Précision sémantique et erreurs d’affectation
Ce matin, je parlais avec un membre de ma famille, mon père, et en me demandant comment ça allait, je lui ai répondu : « Ca va, c’est le dernier jour. ».
Je ne m’attendais pas à une réponse aussi profonde de sa part un samedi matin, mais il me répondit : « Le dernier jour de quoi ? De ta vie, de ta semaine de travail, d’un projet client, de quoi ? Précise ce que tu affirmes : c’est le dernier jour de ta semaine de travail. »
Un samedi matin à entendre ça alors que beaucoup de gens dorment, je peux vous assurer que ça surprend et ça donne envie d’écrire un billet :)
Bref, de là est venu cet article en rapport avec la précision sémantique et les erreurs d’affectations. Nous allons voir ensemble ce que c’est, pourquoi c’est important en SEO et comment on peut faire pour améliorer nos textes, nos recherches de mots clés, nos méthodologies… et donner du sens à ce que nous disons.
Qu’est-ce que la précision sémantique et les erreurs d’affectations ?
Lorsque nous écrivons un texte, que nous parlons à l’oral, nous utilisons un ensemble de termes plus ou moins distincts au niveau du sens. La construction de nos phrases, paragraphes et donc de notre discours final, permet de définir ce que nous abordons, quel sujet/idée nous visons.
Si nous n’utilisons pas les bons termes, que nous ne sommes pas assez précis, il peut arriver que le texte soit mal compris, ce qui peut provoquer double, triple, quadruple sens voire aucun sens du tout. Ledit texte peut alors rentrer dans différents sujets ou thématiques parfois complètement contraires.
Ainsi, une erreur, pas forcément consciente d’ailleurs, se produit dans notre cerveau au niveau de l’affectation d’un texte à un sujet précis. C’est le syndrome de « mais de quoi il parle… ». Les erreurs d’affectation sont notamment constatées dans les processus de classification.
Par exemple, Laurent et d’autres ont déjà abordés le cas des requêtes comme « Lincoln » où il fallait envoyer un signal supplémentaire dans la balise title, car on ne sait pas si on parle du personnage politique, de la voiture ou encore du film (ou bien d’autres choses).
Dans notre métier, cela a bien entendu un lien avec l’intention de recherche, la classification des documents web, etc, mais vous allez voir que pour la rédaction de texte et la construction de notre site, il est tout aussi important, dans la limite du raisonnable, de bien définir chaque idée, argument, etc… Pour réussir son SEO.
Pourquoi est-ce si important en SEO ?
Je vous propose de voir 3 cas intéressants afin de vous prouver que être précis et bien ordonné est important : La recherche de mots clés, la rédaction des textes et enfin le maillage interne couplé à la stratégie éditoriale.
La recherche de mots clés
Actuellement, quand je fais ce qu’on appelle une « recherche de mots clés » pour un client, je récolte le maximum de données issues de plusieurs outils, je fais des groupes pour les classer (catégorisation) et je les traite au cas par cas en fonction du volume de recherche, de la faisabilité du mot clé, de ce que renvoie la SERP, de l’intention de recherche générale, de la conversion du mot clé, etc.
Si je regarde le mot clé « cuisine » aujourd’hui, il y a un volume de recherches plutôt important, mais il n’y a quasiment que des sites e-commerces ou des spécialistes de la « cuisine équipée » sur la page de résultats (SERP). Manque de bol, je donne des cours de cuisine sur Paris, ce n’est pas vraiment sur cette SERP que l’une de mes pages doit apparaître, je passe.
Ainsi, c’est un premier point : pour la recherche de mots clés, c’est important. C’est ni plus ni moins le fait de rappeler le principe de la longue traîne et d’ajouter quelques astuces comme l’odeur de la SERP, la conversion, etc. C’est plus précis quand c’est plus long et on capte mieux ce que veut l’internaute. On pourra ainsi connaître les mots clés vraiment intéressants et donc les subtilités à inclure sur les zones chaudes pour être plus précis et ne pas être dans un entre deux, ou trois, ou quatre… ;)
La rédaction des textes
Deuxième point, la rédaction des textes. Lorsqu’on a trouvé notre mot clé, il faut écrire notre texte en fonction de ce que la majorité attend. Pour cela, on peut regarder le mot clé, la SERP et réfléchir un peu et se demander « Si je tapais cette requête, qu’est ce que je pourrais vraiment rechercher ? ».
Généralement, pour aider mes clients, je le dis d’une autre manière. « Regardez un peu ce qui se fait en face, ce qui est le plus souvent abordé dans les textes, les idées générales, reprenez-les sans pour autant les copier et rajoutez votre touche et vos connaissances pour envoyer un signal d’originalité en plus d’un signal d’appartenance à un sujet ». Bien sûr, quand le client connait son métier, il est évident qu’il allait normalement écrire ce qu’a écrit le concurrent.
Pour les SEO, je vous dirais qu’il y a des tas de moyens d’arriver à vos fins. Vous avez des tools comme Insight, Visiblis, 1.fr, les meta mots et plein d’autres outils et méthodologies que vous pourrez trouver facilement sur le net qui pourront vous donner des pistes, mais le but est vraiment que l’ensemble ressorte bien, et que les phrases ressortent bien elles aussi.
Si vous voulez creuser le sujet, allez vous renseigner sur le « topic modeling ».
Le maillage interne et la stratégie éditoriale
Troisième point, le maillage interne de votre site. On entend parler de siloing, de cocons sémantiques, de pagerank thématique, etc. Si vous savez lors de la conception de votre stratégie éditoriale, quel sujet, quel sens précis vous allez renvoyer sur chaque page, vous pourrez ainsi définir quelle page va à quel endroit et confirmer votre ensemble, ce sera un ensemble cohérent où le glissement sémantique est quasi parfait.
Rapide exemple, des pages qui parlent de chat, colibri, chien, panda, penguin, tigre, aigle, ours. On peut imaginer une branche pour ceux qui volent et ceux qui ne volent pas, ou tout autre chose, en fonction de la couleur par exemple ou de la fourrure. Le tout est de trouver un point de vue, il y a des choses qui fonctionnent mieux que d’autres, mais c’est aussi l’expérience qui vous donnera des pistes là dessus.
Bref, je vais m’arrêter là, ça a l’air simple comme ça, mais plus vous serez précis, organiserez l’information, mieux ce sera pour la compréhension humaine et moteur. A quoi ça sert de faire le meilleur cocon sémantique du monde, si vous ne suivez même pas le sens général en consultant vos pages en interne. Commencez donc par bien écrire et être cohérent dans tous vos travaux sur le site.
Comment être plus précis ?
Je vais essayer de ne pas me répéter, mais lorsque par exemple nous avons : « Hier, je suis retourné là-bas, je me suis bien amusé avec mon ami avec notre jouet favori ». Si on ne connaît pas la personne, qu’on ne fait pas appel à un esprit de déduction, c’est assez pauvre. Alors, imaginez un moteur quand il rencontre une bouillie pareille !
Rajouter des termes pour préciser un lieu, un objet, un détail, une marque, une action, une activité… permet d’améliorer le sens. On affine : « Hier, je suis retourné à la forêt de Fontainebleau, je me suis bien amusé avec mon ami Thomas lors de notre balade à vélo sur les chemins de boues. ».
Ainsi, j’ai rallongé le texte, le l’ai enrichi, j’ai amélioré sa compréhension et des entités sont repérables. Un humain comme un moteur peut davantage comprendre ce que j’ai abordé.
Maintenant, il ne faut pas non plus exagérer, c’est toujours une histoire d’équilibre (comme dans beaucoup de choses en référencement). Ecrire : « Hier, vendredi 19 février 2016 à 14h34, je suis retourné comme à mon habitude chaque vendredi de l’avant dernière semaine de février, à la forêt de Fontainebleau à environ 40 kilomètres de Paris en France, pour faire du vélo type VTT avec mon ami Thomas que je connais de puis maintenant 25 ans. », c’est lourd !
- 1er jet : 92 caractères.
- 2e jet : 143 caractères.
- 3e jet : 307 caractères.
Le dernier, c’est limite si ce n’est pas un robot qui l’a écrit.
Vous l’avez compris, il ne faut pas être trop pauvre, ni trop riche en informations. Il ne faut pas avoir trop de mots communs, et il ne faut pas avoir trop de mots propres donnant du sens. L’équilibre c’est le secret.
Voilà à peu près l’idée générale pour améliorer ses textes. Applicable sur les titles, les headings, les textes, les liens et navigations, les images, etc. Cohérence bon sang et cela partout ;)
Conclusion
La précision sémantique, je vois ça comme « faire en sorte que tout ce qu’on dit ne soit pas à double, triple, quadruple sens, mais éviter d’en faire trop ». Aussi, bien faire attention à ne pas rester focalisé sur les mots à ajouter, etc. Il faut arrêter avec ces histoires de densité, de comptage de mots, de keyword stuffing, etc. Si vous n’écrivez pas votre texte, relisez-le au moins, si ça se trouve, il y a de grosses bêtises dedans qui pourraient vous impacter sur plusieurs plans : classification, positionnement, image de marque, conversion, etc.
François
says:Bonjour. Article Très intéressant.cela dit la semantique est par définition la perspective du sens dans la langue et donc c’est inévitable qu’il faille être precis pour être clair non ? Ce qui se comprend clairement s’énonce clairement d’après ce que dit goog euh boileau.????
Thomas Cubel
says:Bonjour François,
La sémantique c’est très large. Effectivement, il y a la perception du sens dans la langue, mais étudier les proximités sémantiques entre les termes, phrases, textes, pages fait aussi partie de ce domaine. Si j’en crois Wikipedia, il y a plusieurs objets d’études et je rentre dans la plupart d’entre eux ;) https://fr.wikipedia.org/wiki/S%C3%A9mantique
Pour Google, il ne comprends pas tout et il forme ses propres résultats quitte à ce qu’un super document soit enfouie, mais il va s’affiner dans le temps, c’est pour ça qu’il ne faut pas trop se baser sur ce qu’il nous donne aujourd’hui. Les outils sont de l’aide à la décision.
François
says:La sémantique est l’étude du sens du côté signifié depuis saussure.mais depuis saussure effectivement il y a eu l’explosion de la sémiotique puis de la pragmatique. Ce que je voulais dire c’est que nous sommes tous focalisés sur Google…mais que Google lui est focalisé sur la langue et sur le sens que les gens donnent dans un contexte donné.bref comment les gens rangent leurs idées dans des petits tiroirs ! A titre d’exemple les chinois se sont demandés pendant des centaines d’années si un cheval blanc était bien un cheval…???? à coup sûr et je te rejoins la dessus on pourrait s’intéresser autant au sens des énoncés qu’à Google lui même car Google s’intéresse surtout au sens des énoncés en contexte (et ton article met très justement l’accent la dessus ).merci donc pour cette piqûre de rappel !
Thomas Cubel
says:Tu as tout à fait raison.
Pour tout te dire, depuis toujours, je pense qu’il faut s’intéresser à son utilisateur lorsqu’on crée un site, savoir ce qu’il veut avant tout et bien faire son travail pour que son expérience (tout comme dans une boutique pignon sur rue d’ailleurs) soit excellente sur notre site. Pas plus tard que la semaine dernière, je suis allé chez Ikea pour comprendre le mécanisme des gens à acheter et le mapper pour un site. C’est assez dingue le travail que ça demanderait.
Tôt ou tard, les machines seront capables de faire beaucoup de choses et de s’affiner jusqu’à presque comprendre l’intention et les contenus. Google comprendra alors que certains termes veulent dire plutôt ceci que cela, mais ça prends du temps et il faut être malin pour y arriver donc ce n’est pas demain la veille.
Maintenant, je pense qu’aujourd’hui on exploite Google surtout parce qu’il est encore bien idiot et qu’on veut lui faire manger ce qu’il a l’habitude de voir en plus de quelques petites choses originales pour ranker. Ca marche, mais au fond de moi, je sais que juste certains contenus vont tenir dans le temps, et ce sera ceux qu’on voit dans les bouquins vérifiés et revérifiés : la vraie information.
Simon
says:Une fois de plus, une écriture de qualité avec un minimum de style convient parfaitement.
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